samedi 7 novembre 2009

Masculin/Féminin de Jean-Luc Godard

Masculin/Féminin est le film de l'avant-Veil, si vous me permettez l'expression: Madeleine, troublée par la réalité qu'est la mort de son ami Paul, est happée dans le réel, son univers étant restreint à un studio d'enregistrement, une bulle d'innoncence et de naiveté. Elle ne sait quel sera son avenir et donc encore moins celui de son enfant. Le personnage de Paul est en quelque sorte un "petit soldat"...Il milite pour des idées, et meurt bêtement comme les Américains se retrouvant piégés par les Vietnamiens. C'est un enfant de Marx et de Coca-Cola. Comprenne qui voudra...Le personnage incarné par un Jean-Pierre Léaud magnifique (il se fait d'ailleurs passer à la fin du film pour le général...Doinel...) est un jeune militant bourgeois qui ne maîtrise que deux éléments sur trois dans une lutte pour l'égalité entre les peuples et les classes sociales: il lit Marx, adhère à ses idées...Mais il vit dans la société du Coca-Cola et n'arrive pas à s'en affranchir...Il est donc comme tant d'autres, militant paradoxal, Don Quichotte contre le capitalisme, Hugo Barine contre son corps chétif...Il lutte contre les autres, mais une certaine partie de lui même est consumée à chaque fois qu'il lutte...jusqu'à ce que mort s'en suive. Alain Bergala affirme que Masculin/Féminin est le film de l'An 01 de Godard; c'est entièrement vrai, il revient au format du muet, le 1.33, et utilise ainsi des cartons qui illustrent les actions qui précèdent ou qui succèdent (comme en témoigne leDialogue avec un produit de consommation avant le sondage effectué sur Mademoiselle 19 Ans, une fille qui n'est au courant de rien). Le noir et blanc utilisé est esthétique et les prises de vues de Willy Kurant n'ont rien à envier à celles de Raoul Coutard. Volontairement Masculin/Féminin, est également un documentaire; il se situe dans Paris, entre deux tours d'une élection présidentielle, et montre la réalité sans effet(s) du réalisateur (d'autres parleront de "mise en scène"). C'est donc un film fort que réalise Godard, ce terme étant très vague, je vais tenter de le préciser: Maître Jean-Luc enivre le spectateur avec une ambiance ô combien attachante, du simple fait qu'il montre une autre génération que la sienne. Son engagement est donc plus restreint, mais plus féroce envers cette société que l'on dit de consommation.

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