samedi 7 novembre 2009

Mon Oncle de Jacques Tati

Avec ce film, Jacques Tati se définit tout simplement comme un metteur en scène. Pas de génie ou d'excellence, juste de la mise en scène. L'image est ici au service du son, elle est régie par les sons qui eux-mêmes sont régis par Tati. Godard affirmait: Il y a le visible et l’invisible. Si vous ne filmez que le visible, c’est un téléfilm que vous faites. Concluons qu'un film montre l'invisible; Mon Oncle est un film, comme en témoigne l'immeuble que traverse Hulot quotidiennement: chaque fenêtre laisse paraître, comme dans Fenêtre sur Cour, un bout de personne, de sa vie, de vérité...Cette structure architecturale est donc invisible, mais les déplacements de Hulot la rendent visible; c'est de la mise en scène; aussi, Tati peint ou plutôt dépeint les caractères d'une tranche de la société: la bourgeoisie. Il s'impose comme le nouveau La Bruyère: un peu d'humour, un peu de vérité et un peu de dénonciation...Ceci est admirable et rend l'Oeuvre de Tati plus dense et plus "adulte"...Les lectures de ce film se font à plusieurs niveaux: pour le jeune public qui s'esclaffe des catastrophes engendrées par le maladroit Hulot et pour un public plus mature qui s'esclaffe des catastrophes engendrées par le maladroit Hulot et de la critique dénonciatrice bien que mesurée du cinéaste face à la Bourgeoisie, à l'Industrie et au Progrès à tout prix...Pour ceci, Jacques Tati mérite le respect. Pour sa gestion des éléments de la vie quotidienne, de l'humanité paradoxale des objets lorsque les êtres humains deviennent des pantins à leur merci. Voici la renaissance d'une certaine facette du Kammerspiel Film et Mon Oncle mérite donc d'être vu et, au possible, d'être apprécié à sa juste valeur, celle d'une dénonciation (ce mot se répète mais il est l'écho principal que dégage le long-métrage) honnête de l'absurdité humaine.

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