lundi 27 décembre 2010

L'Echange de Clint Eastwood

Entre Space Cowboys et Invictus, dix ans et neuf films. Eastwood a, durant cette décennie, traité des histoires fortes, plus dures qu’à l’accoutumée. Alors qu’en 1993, l’enlèvement d’un enfant dans Un Monde Parfait baignait dans la poésie et la rêverie (le ravisseur n’avait aucune mauvaise intention), un autre enlèvement d’enfant en 2008 devient un drame féroce, dérangeant car violent, mais aussi idéologiquement douteux. Qu’à cela ne tienne, le film ne souffre étonnamment pas de sa fin, puisqu’elle est à la fois politique et cinéphile.
Les quinze dernières minutes ne sont pourtant pas les seules à entretenir un rapport avec le cinéma. Dès l’ouverture du film, Eastwood réutilise le logo Universal d’époque, effet déjà-vu qui essaye maladroitement de « plonger » le spectateur dans une époque… Mais l’emploi de ce logo ne peut se réduire à cette seule volonté d’immersion. Le premier plan du film débute en noir et blanc pour regagner progressivement ses couleurs. Les couleurs réelles. En quelques secondes, Clint Eastwood parvient à nous transmettre l’idée d’une dualité, ou d’une complémentarité entre cinéma et réel. Le mot final du film[1] sonne étrangement faux, en contraste avec le reste du film, d’une rare violence. Le spectateur curieux se rappelant de la mention suivant le titre du film (A true story) se renseignera sur l’histoire réelle et son dénouement qui n’est pas évoqué dans le film : Christine Collins quitte le commissariat pleine d’espoir, en 1935, radieuse et souriante, alors que la vraie Collins est décédée la même année, sans son fils. Ce final, et surtout, ce dernier mot prononcé, est purement cinématographique, factice, surfait, au second degré. La caméra effectue alors un travelling ascendant (en opposition avec le plan d’ouverture du film), et la couleur s’évapore au profit du noir et blanc initial. L’Echange aurait parfaitement pu être un film de 1935, l’un de ces films qui concourent aux Oscars et qui sont évoqués par Collins et ses amis. Eastwood place Collins en spectatrice de l’avant-dernière séquence du film, véritable bouleversement du ton du film, qui fait également office de résolution. Du chagrin, nous passons à l’espoir, grâce à un « écran de cinéma », le seul où le spectateur est reflété dans ce qu’il voit, mais aussi celui qui, comme tous les autres, ne permet pas une participation directe à l’action. C’est bien une histoire similaire qui se dénoue sous ses yeux, mais ce n’est pas la sienne. Elle ne pourra pas traverser l’écran pour retrouver l’enfant terrorisé qui s’est rendu au commissariat, puisque ce n’est pas le sien. Collins sort du commissariat rassurée, et elle se dirige, dans le plan final, vers un cinéma où est projeté It Happened One Night[2] de Capra. Eastwood s’amuse à créer des liens étonnants entre réalité et fiction, entre la vie et le cinéma. Oui, Walter Collins a disparu une nuit, oui, sa mère a toujours espéré un retour de l’enfant, ce retour qu’elle voit à travers une vitre sans tain, éloignée de l’action mais profondément émue par le témoignage et les retrouvailles de l’enfant avec sa famille. Peut-on toutefois parler d’un cinéaste truffaldien, qui considère le cinéma comme supérieur à la vie ? Certainement pas, car la force d’Eastwood est de considérer le cinéma et la vie d’égal à égal, dans un rapport de force vampirique où, pour le dire simplement, le cinéma a besoin de la vie et la vie a besoin du cinéma.
Les critiques, à la sortie du film, relevaient un « cinéma trop sûr de lui », où tout était maîtrisé, et d’où rien ne pouvait naître. C’est vrai. Mais en quoi est-ce un défaut ? A-t-on déjà reproché à un portrait photographique de star hollywoodienne son cadre, ses éclairages, le maquillage et la posture du sujet ? Le cinéma, dans sa dimension mythique (faisons ici abstraction du cinéma comme « art de la durée », et de la fameuse citation: La photographie, c’est la vérité, et le cinéma, c’est vingt-quatre fois la vérité par seconde), se nourrit de films rares, bâtards, qui n’alimentent pas l’art par des mythes, mais en y revenant, d’une manière plus discrète que directe. Faisant partie d’une famille de films comme L’Année du Dragon, qui revenait très indirectement sur Il Etait une fois dans l’Ouest (la construction des chemins de fers) et Taxi Driver (le blouson de Bickle, le même que celui de Stanley White, et les blessures par balle similaires), L’Echange renoue avec ces films sociaux des années trente, du message final optimiste jusqu’à la voix d’Angelina Jolie, qui rappelle celle, pourtant inimitable, de Ruth Chatterton : fragile, tremblante, délicate et digne. Ce cinéma dit du second degré dans le milieu universitaire, aimable mais mal-aimé, pouvant être considéré comme impur car se nourrissant d’idées d’autres œuvres, est le plus noble qui soit parce qu’il entretient l’amour des films, renforce leur légende, et sait aussi se saisir d’idées originales. Inutile de revenir sur celle de la cigarette qui se consume toute seule, alors que le policier écoute édifié le récit d’un adolescent fuyant un psychopathe, trop appuyée pour être subtile, mais plutôt sur une idée de montage, qui se construit dans la durée et dont l’effet est inconsciemment ressenti par n’importe quel spectateur.
Le film adopte depuis le début une narration linéaire, sans flash-back. Eastwood forme un bloc narratif stable autour de Christine Collins. Il faudra attendre la rencontre entre Collins et le révérend Gustav Briegleb pour que celui-ci, plus bavard que la mère, arrive à faire respirer le montage, Collins et le spectateur. Au bout d’une demi-heure, les figures de montage (Collins commence à lire une déclaration de la veille reportée dans un journal, l’auteur de la déclaration la termine, devant des journalistes) se multiplient, offrant des plans d’illustration à la parole de Briegleb. Une simple scène qui aurait pu être montée en champ contre-champ devient prodigieuse par sa seule force d’abstraction. Plus qu’une rencontre ou qu’un dialogue, cette séquence illustre avant tout une transmission, précieux thème du cinéaste : transmission d’images qui étaient alors impensables, d’autres temporalités, d’autres histoires. Nous suivions Christine Collins, nous nous retrouvons désormais face à Christine Collins et à la ville corrompue de Los Angeles, puis, plus tard, à l’histoire d’un adolescent qui a échappé à un psychopathe tueur d’enfants. La rencontre a été décisive pour Collins, mais aussi pour le film. Clint Eastwood réussit simplement là où beaucoup échouent : créer des personnages que l’on trouve immédiatement attachants, grâce à leur fraicheur, supposée par un travail de montage qui élargit alors la vision et l’esprit.


[1] Hope, prononcé par Christine Collins en 1935.
[2] New York - Miami pour la version française.



jeudi 23 décembre 2010

2010 au fil des films

Faire une liste de l'année, avec des qualificatifs lapidaires, souvent gratuits, jamais justifiés, n'a pas grand intérêt en soi. Les débats naissent souvent, malformés et stériles. Cet exercice permet néanmoins de vous faire découvrir certains articles écrits en 2010, si vous cliquez sur le titre du film, ou, parfois, du réalisateur. 
Toutefois, un film s'est clairement démarqué cette année ; Shutter Island, nouveau Scorsese dont on pouvait craindre le pire avant sa sortie : être un exercice de style vain, hommage poussif au Procès de Welles. Avec le recul, le film est un contrepoint au Cabinet du Docteur Caligari de Wiene, réalisé en 1919. Alors que le film allemand louait l'efficacité des institutions (et donc du pouvoir) pour soigner les maux de la société (ici, les artistes), le film américain nous fait au contraire douter des maîtres des lieux (ici, les docteurs). L'uniforme ne faisant pas autorité, Teddy Daniels le cartésien remettra tout le système en cause, et sera jugé fou par l'autorité qui s'empare elle-même de l'attribut de la raison. Se demander s'il a raison ou pas, dans la perspective du film Caligari, est important. La réponse l'est sans doute moins.

Le film de l'année -










  Martin Scorsese


La surprise de l'année -








Bad Lieutenant : Escale à la Nouvelle-Orléans -
 Werner Herzog

La découverte de l'année -





Bassidji -

Le ravissement de l'année -





  Jean-Luc Godard

La réussite de l'année -






Carlos -
  Olivier Assayas

La déception de l'année -






The Ghost Writer -
  Roman Polanski

 Le ridicule de l'année -






  Joann Sfar
 ex-aequo






Inception -
  Christopher Nolan

Le rire de l'année -





Magma -
  Pierre Vinour

L'anniversaire de l'année -










Jean-Luc Godard a 80 ans -
 ex-aequo






Punctum Vertigo a un an -



Le livre de cinéma de l'année -



















- ... Pourquoi les coiffeurs ? -
  Jean Narboni

vendredi 12 novembre 2010

Les frères Kaufman en 1929 : entre Nice et Odessa

Hâtons-nous de faire les présentations. Dziga Vertov est né en 1896, Boris Kaufman en 1897. Ils sont frères[1] et cinéastes. L’ainé réalisera des films qui mettent en pratique sa théorie du Kinoglaz. Le cadet voyagera en Europe avant d’arriver en France où il rencontrera Jean Vigo, avec qui il réalisera A Propos de Nice en 1929. Au même moment, Vertov signe L’Homme à la caméra en Ukraine. Les deux films sont une manifestation du point de vue, en ce sens que Vertov présente la caméra comme une être animé, vivant, capable de réfléchir le réel[2], alors que le film de Kaufman et Vigo est décrit comme un point de vue documenté par ce dernier[3]. Il n’est pas question ici de jouer le réel, mais de le capter et de le transmettre. Malheureusement, à cette époque, le cinéma et la caméra sont déjà bien reconnaissables entre Nice et Odessa. La vérité pourrait à priori transparaître entre le moment où l’opérateur enclenche sa caméra et celui où la personne filmée se rend compte qu’elle est dans le champ. Mais chez Vertov, la vérité n’est pas dans l’ignorance. Le contact entre une personne qui se sait filmée et une caméra (évidemment portée par un kinok[4]) n’est pas systématiquement synonyme de paraître, de fausseté, de jeu du sujet filmé. Pour Vigo et Kaufman, au contraire, dès lors qu’une personne se sait filmée, la coupe est nécessaire, pour préserver au mieux la vérité du plan[5].
Les trois cinéastes cherchent donc à dire cinématographiquement leur monde. Alors que Murnau cherchait à créer en 1924 un film qui serait compréhensible pour les analphabètes (Le Dernier des Hommes se veut sans intertitres), et que le parlant arrive progressivement en Europe[6], Vigo et les frères Kaufman réalisent des poèmes filmiques par leur sens du montage et leurs choix des terrains filmés. Nulle réponse à la banale question « Cherchent-ils à rendre compte du réel ? » tant les différences de registres sont importantes et brutales. Le « oui » serait une réponse satisfaisante mais incomplète, car ce qui intéresse les trois cinéastes, c’est leur message, qui exprime leur vérité, quitte à passer par des sentiers poétiques.

Rendre compte du réel

Lorsque Jean Vigo explique sa démarche dans son discours Vers un cinéma social, il avance la notion de point de vue documenté ; pour lui, le personnage aura été surpris par l’appareil. Cette intention est commune à Dziga Vertov, bien qu’elle relève ici une différence notable. Si Vigo et Kaufman coupent le plan dès lors que la personne filmée s’en rend compte, pour Vertov, ce n’est que le commencement de sa démarche. Vertov n’a pas peur de la mise en abyme du cinéma ; mieux, il s’en sert pour illustrer la théorie de son film. Ainsi, l’appareil cinématographique « montre le monde comme seul » il peut « le voir ». Cette expérience plus ludique que celle de son frère est également un formidable témoignage de l’approche, du regard que nous portons sur une caméra : tantôt un regard amusé (le sans-abri qui se réveille et qui, surpris par la caméra, rit, ou encore la dame sur la calèche qui mime le mouvement de rotation de la manivelle), tantôt un regard de gêne et de dégoût pour le voyeurisme supposé de la caméra (la femme dormant sur un banc et qui se réveille en partant très vite).
Il est bien entendu qu’un homme marchant dans une foule en actionnant la manivelle d’une caméra ne passera pas inaperçu. Il refuse de se fondre dans la masse en s’en démarquant, mais que peut-on dire de cette même personne si elle souhaite rendre compte de cette masse dans sa vérité la plus pure ? Tout comme son grand frère à Odessa, Kaufman arpente un trottoir bondé de Nice avec sa caméra, et les réactions ne sont pas forcément les mêmes. Le naturel est là, mais il est ailleurs. En effet, si Kaufman avait uniquement souhaité réaliser un film qui rendrait compte de la vérité des Niçois, d’une part, le film serait raté, et d’autre part, il serait considéré comme prétentieux. Mais à partir du moment où une caméra est placée dans une rue alors que la rue ne s’y attend pas, la surprise est vraie, naturelle, donc réelle. L’émotion d’une surprise est intacte, imprimée à jamais par la caméra. En témoignent celles du premier plan de foule du film, avec l’homme à gauche, à lunettes, qui aussitôt le fondu enchaîné terminé, recule de deux pas en espérant peut-être ne pas être dans le champ, et le plan suivant avec les trois femmes âgées à ombrelle, qui ralentissent considérablement la cadence de leur pas par rapport à la foule avant de s’écarter. Vigo et Kaufman ne manquent d’ailleurs pas d’humour dans leur démarche radicale qui consiste à effectuer une coupe dès lors qu’un regard se fait trop insistant et qu’il pourrait nuire à la valeur « document » de leurs plans : puisque les Niçois changent d’attitude dès qu’ils se sentent filmés, il faut donc filmer des animaux, puisqu’ils ne peuvent avoir conscience d’être enregistrés. D’où deux plans : l’un sur un chien, l’autre sur une autruche.
Pour accéder à la vérité pure, Vertov n’hésite pas à filmer des cas extrêmes où la présence d’une caméra ne peut en aucun cas conclure à un travestissement des émotions, à la corruption du réel : il filme ainsi une naissance, un mort dans son cercueil, un mariage. Quand l’événement est extra-ordinaire, une caméra ne peut en aucun cas agir sur le regard qu’une jeune mère porte sur son bébé. Ce compte-rendu du réel a pourtant une limite, considérable dans L’Homme à la caméra. Bien que l’immersion soit paradoxalement plus réussie que dans le film de son frère, Vertov alterne constamment les points de vue, ce que Kaufman ne fait qu’une seule fois dans son film et dans une visée explicative[7]. Vertov montre ce que l’opérateur a filmé, mais surtout cet homme à la caméra, son voyage à travers la ville. Inconsciemment, le spectateur estime que ce qui est filmé l’est par cette caméra, et s’immerge donc totalement dans Odessa en oubliant la seconde, celle qui filme quelqu’un entrain de filmer. Il faut ainsi montrer une caméra pour que l’autre devienne invisible. Il y a donc une ambiguïté lorsque Vertov annonce dans le générique : « Sans recours au théâtre (le film n’a pas de décor, pas d’acteurs etc.) » Ces trois petites lettres finales « etc. » recèlent donc beaucoup plus que l’on ne pourrait l’imaginer à première vue, et ce, pour les deux films. Elles ouvrent la porte à un détournement du réel, pour y revenir avec un message, un discours énoncé par les auteurs des films.

Détours poétiques

Les deux films s’ouvrent sur le motif de l’éclatement. Feux d’artifices pour A Propos de Nice, lumière du projecteur pour L’Homme à la caméra. Le tandem Vigo / Kaufman et Dziga Vertov annoncent ici un éclatement futur, une floraison poétique de leur matière filmique. Dans leur description d’une ville, les films accumulent certains points communs de manière troublante.
Ce qui frappe en premier lieu est la manière de présenter les êtres. Chez Vertov, cela se traduit par une personnification d’Odessa, en filmant le sommeil d’une femme pendant que la ville est aux aurores, son réveil et l’accélération d’un train, son lavage et le nettoyage de la ville… Vigo et Kaufman réduisent quant à eux les Niçois à deux jouets pour dénoncer le peu d’importance qu’ils occupent. Ils attendent un train mais n’auront pas le temps de le prendre en marche et se transformeront alors en jetons sur une table de casino. Les moyens entrepris sont évidemment factices, mais ils dépeignent une situation bien réelle, en la rendant moins brutale par l’humour et la poésie du montage.
La femme, qui pourrait s’appeler Odessa, est représentée, par un montage parallèle, comme une personnification de la ville mais aussi comme son incarnation. Ainsi, à un plan présentant le bras replié de la dormeuse répond un autre plan, où la voiture qui conduit l’opérateur vers les voies ferrés de la ville emprunte une rue qui a la même forme que la bras vu juste avant. Ce raccord élégant parce que non enchaîné par un fondu, a le mérite de ne pas être démonstratif et de laisser le spectateur libre d’effectuer la connexion entre les formes angulaires présentées. Vertov filme aussi un jouet de cycliste mécanisé, derrière une vitre, avant de montrer un cycliste de chair et de sang, en pleine rue. La fusion de vie qui s’opère entre êtres inanimés et vivants est inquiétante, presque dérangeante, car ce ne sont pas les jouets qui sont humanisés, mais les humains qui sont mécanisés. L’Homme se confond avec les machines qu’il utilise, puisque la ville est au travail, courageuse, dynamique, compétente. Si Vertov filme l’éveil d’Odessa, son frère Boris filme quant à lui, à Nice, une ville en plein sommeil, qui s’est endormie sur son prestige aujourd’hui craquelé. Les deux villes sont nettoyées (autre motif récurrent), mais pour des raisons différentes. Le nettoyage des rues d’Odessa suppose des travailleurs pour les parcourir, alors que celui de Nice n’a pour seul but que de faire briller la ville. Nice n’est plus depuis bien longtemps, elle ne fait que paraître. Vigo et Kaufman veulent la dévêtir, comme ils le feront avec une femme dans un plan resté célèbre, où des fondus enchaînés présentent successivement une femme habillée différemment avant d’être entièrement nue. La personnification de la ville est aussi présente, bien que moins marquée, puisqu’elle peut apparaître comme un simple caprice érotique. Pour Vigo et Kaufman, il est primordial de quitter cette ville mourante, il faut « prendre son envol » (d’où les plans de l’hydravion), « mettre les voiles » (d’où ceux des bateaux).
Vigo écrivait dans une lettre datée du 7 Octobre 1930 qu’il souhaitait que le film provoque la nausée, et que les images d’ouvriers et les atmosphères d’usine soient un soulagement.
Tout ce qui reste pur à Nice part irrémédiablement en fumée, ce qui conduit A Propos de Nice à se conclure là où la fumée se voit : à l’usine. En marge du reste du film, la fin illustre la pureté par le sourire des travailleurs, la danse ralentie[8] des femmes. Et si la fumée est sale, elle peut au moins espérer suivre le chemin dessiné par les statues d’anges : le doigt pointé vers le ciel, et ses nuages apaisés.

Photogrammes :



Figure 1
Figure 2




A Propos de Nice : L’homme à gauche se rend compte qu’il est filmé et s’écarte vers la gauche du cadre.






Figure 1




L’Homme à la caméra : Vertov choisit de montrer ce que l’opérateur filme, avant de dévoiler le dispositif de tournage.
Figure 2












Figure 3



















Figure 1





A Propos de Nice : Déshabiller une ville comme l’on déshabille une femme.





Figure 2


Figure 3






















Figure 1




L’Homme à la caméra : Le bras d’Odessa est une route.

Figure 2
A Propos de Nice - Jean Vigo et Boris Kaufman (23 minutes)

L'Homme à la caméra - Dziga Vertov (1h08)

[1] En effet, le vrai nom de Dziga Vertov est Denis Arkadievitch Kaufman, Dziga Vertov étant un pseudonyme (qui signifie en ukrainien : « toupie qui tourne »).
[2] Se référer au plan de L’Homme à la caméra où la caméra « marche » grâce à son pied, indépendamment de toute action de l’opérateur.
[3] Dans son manifeste Vers un cinéma social, prononcé au Vieux-Colombier le 14 Juin 1930 à l’issue de la deuxième projection d’A Propos de Nice.
[4] Nous nous appelons les Kinoks pour nous différencier des « cinéastes », troupeau de chiffonniers qui fourguent assez bien leurs vieilleries. Dziga Vertov dans son manifeste « Nous », paru en 1922 dans la revue Kinophot.
[5] Bien entendu, le jeu conscient ne peut être toléré. Le personnage aura été surpris par l’appareil, sinon l’on doit renoncer à la valeur "document", d’un tel cinéma. Jean Vigo, Vers un cinéma social.
[6] En 1929 en France avec Les Trois Masques d’André Hugon, en 1931 en U.R.S.S. avec Le Chemin de la vie de Nikolaï Ekk, en 1935 en Arménie avec Peppo d’Amo Bek-Nazarov…
[7] Kaufman n’a recours au plan sur un opérateur qu’une seule fois, juste après les travellings dans la foule cités auparavant, pour expliquer que c’est bien la caméra qui provoque ces réactions de surprise et de retrait.
[8] Ce qui rappelle immanquablement la séquence la plus célèbre de l’œuvre de Jean Vigo : la splendide bataille de polochons dans le dortoir de Zéro de Conduite, elle aussi ralentie.