dimanche 24 janvier 2010

Gainsbourg: vie héroïque de Joann Sfar


Faut savoir surprendre
Sans entreprendre

"Pauvre Sergio!"
Faut savoir surprendre

Sans entreprendre

Faire profil bas


Ne pas se citer

Pas s'élever

"Pauvre Sergio!"

Ne pas se citer

Pas s'élever

C'est mieux comme ça



Il est des raccords

Qui mettent d'accord

"Pauvre Sergio!"

Oui tu as eu tort

De faire du tort

A ces divas



Ce qui nous déçoit

Dans ce brouhaha

"Pauvre Sergio!"

C'est ce petit pas

Très sûr de toi
Dans le cinéma



On peut te maudire

Sans te haïr

"Pauvre Sergio!"

C'est bien sans sourire

Qu'on peut te dire

C'est du pipeau

Une réécriture de Pauvre Lola destinée à Joann Sfar, à l'image du film (moins bon que l'original).

lundi 11 janvier 2010

Sous le Signe du Lion

Eric Rohmer, cinéaste sous-estimé mais reconnu là où il le fallait, est décédé aujourd'hui, à l'âge de 89 ans. Je lui reconnaissais une honnêteté intellectuelle qu'il partageait avec Bazin, lorsqu'il affirmait ne pas aimer l'oeuvre de Chaplin, défendue par Truffaut et Bazin naturellement. Il savait admettre dans un même article que Chaplin ne le touchait pas, mais que son ultime film, La Comtesse de Hong-Kong, pouvait servir à apprécier l'ensemble de l'oeuvre du cinéaste. On peut tout dire par la Comtesse, rien sur elle, écrivait-il en 1967.
Cette intégrité lui a valu de succéder à André Bazin à la tête des Cahiers, entre 1958 et 1963, date de son départ forcé par Truffaut et Rivette. En résultera un film à sketches, Paris vu par..., dans lequel il signe l'une des plus belles oeuvres consacrées à Paris, autour de la place de l'Etoile. Il savait filmer les lieux d'intimité collective comme le métro et les splendeurs d'une ville qui se laisse mourir. Son personnage d'oisif dans Le Signe du Lion criait: Saleté de Paris! Saleté de pierre!, alors qu'il est l'unique cinéaste de la Nouvelle Vague à avoir filmé la saleté de la transpiration, de l'inconfort physique. Alors que Resnais sublimait la transpiration des amants en pleine étreinte, Rohmer choisit de sublimer le sale, et au fond, l'humain.
Cette personnalité marginale de la Nouvelle Vague trouvait sa source dans la littérature. Professeur de lettres, il cultivait cet amour de la prononciation, ce qui donne un ton particulier à l'ensemble de son oeuvre. Je retiens surtout l'étrange fascination qui accompagne une discussion de philosophie dans Conte de Printemps qui, malgré sa diction particulière, arrive à pas feutrés vers le chef-d'oeuvre.
Il fut sans doute le second souffle d'un cinéma mourant, celui de Prévert, Aurenche et Bost et ouvrait par ailleurs la voie à Eustache et au monologue de Véronika la magnifique. C'est sans doute pourquoi il était si différent de Truffaut. Ce dernier était le seul manquant à l'appel de la Nouvelle Vague. Ils sont désormais deux déserteurs.